top of page

Le tube

​

Le tube
par José Le Roy
​
​
​

Matériel : une feuille de carton ou en papier. Faites un tube de 60 cm de long et 20 cm de diamètre. Percez quelques ouvertures le long du tube pour pouvoir respirer sans trop de peine.

​

Temps de l'expérience : 15 minutes

​

Cet exercice s'appelle "le tube". Douglas Harding le considère comme l'exercice le plus puissant. Il permet de vérifier par soi-même si nous sommes vraiment face à face avec les autres comme le langage et la société veulent nous le faire croire. Il nous permet de déconditionner notre regard, pour enfin voir les faits tels qu'ils sont.

​

Entrez votre visage dans le tube avec celui de votre partenaire.

​

voici une vue de l'extérieur du tube : une vue en troisième personne.

 

Un observateur extérieur voit bien deux têtes dans le tube, mais que voyons nous en première personne ?

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

En partant de votre expérience de l'instant présent, en vous basant sur les faits : êtes-vous maintenant face à face avec l'autre personne ? Où bien face là-bas à espace de votre coté du tube ?

​

Combien comptez-vous de visages dans le tube : deux ou bien un ?

​

L'un des cotés du tube, là-bas au bout, est bouché par un visage, votre coté à vous n'est-il pas grand ouvert ? Là-bas un visage bloque la vision , y a-t-il quoi que ce soit qui bloque la vision de votre coté du tube ?

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

Sortez maintenant du tube, tout en maintenant votre regard dans la même direction, c'est-à-dire en regardant votre partenaire à partir de l'espace que vous trouvez au-dessus de vos épaules. 

​

Êtes-vous face à face ou face à espace ? Combien de visages voyez-vous en ce moment ? N'est-il pas évident que vous n'êtes pas dans une relation symétrique (visage à visage) mais asymétrique (visage à vide) ?

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

Retournez dans le tube une nouvelle fois.

​

Là-bas, à l'autre extrémité du tube, vous voyez des couleurs :la couleur du front, des cheveux, des lèvres, des yeux, voyez-vous la moindre couleur de votre coté du tube ? Est-ce rose, marron, vert, bleu de votre coté ? N'est-ce pas plutôt sans couleur, complètement transparent ?

​

Là-bas vous voyez des formes, celle des yeux, du nez, des sourcils; voyez-vous la moindre forme de votre coté ? N'est-ce pas sans forme ?

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

 

Là-bas le paysage est compliqué. Il est difficile de voir tous les détails du visage, difficile de compter tous les cheveux, d'être attentif à tous les grains de la peau. Mais est-ce compliqué aussi de votre coté du tube ? N'est-ce pas incroyablement simple ?

​

Là-bas vous voyez quelque chose de temporel, à quoi on peut donner un certain âge. Voyez-vous la marque du temps de votre coté ? N'est-ce pas sans temporalité ici de votre coté du tube ?

​

Sortez du tube et continuer de regarder votre partenaire.

​

Avez-vous encore besoin du tube pour constater que vous n'êtes pas face à face avec autrui mais espace (de votre coté) à visage (de son coté) ? N'êtes-vous pas espace, capacité d'accueil pour recevoir en vous l'autre visage ? S'agit-il d'une relation symétrique, basée sur la dualité ou au contraire un accueil à partir de la vacuité source d'unité ?

​

Rentrez une dernière fois dans le tube.

​

Nous pensons que l'univers est peuplé de multiples consciences; qu'il y a sur la terre des milliards de consciences toutes différentes, disjointes et séparées. Mais combien de consciences comptez-vous dans le tube ? Pour le savoir cherchez si il y a plusieurs visions dans le tube.

​

Regardez les yeux là-bas : ce sont de petites boules colorées. Voyez-vous une vision là-bas de l'autre coté du tube ? Il y a bien des yeux mais où est la vision ? N'est-elle pas de votre coté uniquement ? N'êtes-vous pas la vision, la conscience unique ?

​

Mais cette conscience est-elle personnelle ? Porte-elle votre marque personnelle ? N'est-elle pas assez vaste pour deux, pour toutes les créatures vivantes ? N'est-elle pas universelle ? Où allez-vous trouver la conscience de votre partenaire sinon ici exactement de votre coté du tube ?

​

Ainsi ne pouvez-vous pas dire à votre partenaire : là-bas j'ai ton apparence mais ici je suis toi ? Là-bas j'ai ton visage pour lequel je te remercie, mais ici je suis ce que tu es vraiment, vraiment ? Ici je suis toi.

​

Vous pouvez sortir du tube maintenant.

​

Jamais même pour un instant nous n'avons été face à face avec quiconque; nous avons toujours rencontré les autres à partir de cet espace immense, vide et conscient juste au-dessus de nos épaules.

​

A vous de voir.

​

​

LES ORIGINES DU SAC EN PAPIER.
The origines of paper bag.

Tiré d'un entretien avec Douglas Harding.

​

Je suppose que cela a commencé lorsque j'étais en Inde auprès de cette grande sainte Ananda Mayi Ma, en 1964.

Lorsque nous nous sommes quittés, elle m’a offert son châle que j’ai rapporté en Angleterre. Je me trouvais à Under Shollond avec Sarah, une jeune fille que j'avais rencontrée en Inde et qui s'intéressait à ce que nous faisions mais n'y avait pas compris grand-chose, je pense. Nous discutions et elle exprimait ses doutes sur tout cela quand soudain j’aperçus le châle de Ma Ananda Mayi sur le divan. Je ne sais pas pourquoi il me vint à l'esprit de le mettre sur la tête de Sarah en le laissant avancer de 10 à 12 cm autour de son visage, comme une coiffe de religieuse. De mon point de vue, il encadrait son visage. De son point de vue à elle, comme elle en voyait les bords, il encadrait son absence de visage.

Et je lui dis :
- Sarah, que trouves-tu à l'intérieur du cadre ? Est-ce que tu trouves un visage à l'intérieur de ce cadre ?


Evidemment, sa réponse fut  : « Non, rien du tout. » C’est le châle qui lui avait permis de voir cela. Le fait que c’était celui de Ma Ananda Mayi n’y était pour rien, c’est simplement un détail charmant. Mais n'importe quelle vieille serviette aurait fait l'affaire.


Par la suite, Colin Oliver et moi sommes allés en Amérique pour y partager notre vision. Nous n'avions encore jamais conduit de véritables ateliers, aussi, dans l'avion, nous imaginâmes un certain nombre d'exercices. Peut-être ai-je encore cette carte sur laquelle nous les avons notés. Il y en avait une vingtaine. L’un de ceux que nous inventâmes ensemble était ce que Colin appelait : "Le Jeu de la serviette". En fait, nous avions prévenu les amis de Toronto, où devait se passer notre premier atelier, qu'il faudrait prévoir des serviettes pour tous les participants.


Comme nous l’avions demandé, tout le monde avait donc une serviette. Ils les mirent sur la tête en les laissant dépasser d’environ 10 centimètres. Colin les fit s’aligner face à un mur. Et nous nous assîmes là, les yeux fermés, afin de prendre conscience de ce que l'on pouvait vraiment voir à l'intérieur du cadre de la coiffe. En d'autres termes, voir notre absence de visage ici. Ensuite, nous devions nous retourner vers notre voisin et nous regarder les uns les autres. Chacun de nous voyait alors que dans sa serviette c’était le visage de son partenaire qui était exposé.


Colin en fit un joli spectacle. Je crois même qu'il se déguisa en drôle de maître zen et fit sonner un gong. Ce fut plutôt un jeu. Il dit que c'était une nouvelle religion appelée le "serviettisme" ! Puis lui et moi, notre serviette sur la tête, nous nous rapprochâmes l’un de l’autre jusqu'à ce que les bords de nos serviettes se rejoignent. Mais elles étaient très molles et il y avait, bien sûr, un grand espace en dessous. Cela faisait tout de même une sorte d'arche ou de tunnel à travers lequel nous nous regardions l’un l’autre.


Au milieu de la nuit suivante, il me vint à l'esprit qu'un tube, ou peut-être un sac en papier ferait mieux l'affaire qu'une serviette pour cette expérience de visage à absence de visage. Je jaillis de mon lit et me précipitai à la cuisine où je dénichai un sac poubelle américain J’en découpai le fond, allai réveiller Colin et le persuadai de tenter l’expérience avec moi. Ce fut un succès.


Au début, nous avons donc circulé à travers l’Amérique avec des sacs poubelles qui étaient marrons. Ce n’était pas très bien, car ils ne laissaient pas passer la lumière. Par la suite, nous les avons échangés contre des sacs à provisions blancs qui sont maintenant d’un usage courant. Voici donc la longue histoire de sac en papier !


DOUGLAS HARDING.

bottom of page