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Vision Sans Tête
Les yeux fermés par Richard Lang
Ce texte est tiré de la cassette audio qui accompagne le livre « La vision de votre Etre réel » de Richard Lang.
Elle reprend l’exercice qui nous permet de « Voir les yeux fermés » ; en effet la vision de notre véritable nature ne dépend pas que du sens de la vue, les aveugles y ont aussi intégralement accès.
Je vous suggère de vous faire lire ce texte par un ami, afin que vous puissiez faire réellement l’expérience de qui vous êtes vraiment les yeux fermés, plutôt que de l’imaginer en la lisant…
Nous allons commencer avec les yeux ouverts. Prêtez attention à la scène devant vous. Peut-être pouvez-vous voir des parties de votre corps. Vous pouvez voir des objets dans la pièce. En même temps observez l’espace vide à partir duquel vous regardez.
Quelle grandeur a-t-il cet espace ? Quelle forme ? Ce que vous regardez dans la pièce a une forme, une taille, mais ce lieu à partir duquel vous regardez, votre vraie nature a-t-elle une forme ? A-t-elle des limites ?
Maintenant faites l’expérience d’ouvrir et de fermer les yeux plusieurs fois. La scène va et vient, mais qui vous êtes vraiment reste constant.
Gardez maintenant les yeux fermés.
Quelle taille avez-vous ? Quelle largeur ? Quelle profondeur ? Où sont vos limites ? Y a-t-il une ligne qui vous sépare du reste du monde ? Vous n’avez pas de limite, vous êtes plus vaste que le monde, plus profond que l’océan. Soyez attentif aux sensations du corps. Elles changent, vibrent constamment. Déplacez votre attention de ci, de là. Concentrez-la sur un secteur de vos sensations, puis sur un autre. Qui expérimente ces sensations ? Quelqu’un ou personne ? Tout comme de ce côté-ci de votre doigt qui pointait vous avez trouvé l’espace pour accueillir votre doigt, ainsi de ce côté-ci de la sensation se trouve l’espace pour accueillir la sensation. Les sensations vont et viennent dans l’espace immuable de qui vous êtes réellement.
Serrez votre poing droit. Ressentez la tension. A présent relâchez, ressentez le relâchement. Faites cela plusieurs fois, en observant que vous êtes l’espace dans lequel la tension apparaît et disparaît. Votre vraie nature, elle, est libre de toute tension et ne connaît pas le stress.
Prenez conscience de votre respiration. Sa dilatation et sa contraction. Sa naissance et sa disparition. Ne vous efforcez pas de visualiser ce qui se passe. Prêtez seulement attention aux sensations qui vous sont données. Elles changent sans cesse. Mais de ce côté-ci de la respiration, de votre côté de la respiration que se passe-t-il ? Rien. Il y a seulement la conscience, la capacité pour contenir la respiration. La respiration va et vient, mais la conscience reste immuable. La conscience n’est pas faite de quelque chose que vous pouvez saisir, ce n’est pas un objet, ni un événement. C’est l’espace dans lequel les objets et les événements arrivent. Essentiellement vous êtes cette conscience.
Prêtez attention à la sensation de vos jambes. De quelle forme et de quelle couleur sont ces sensations ? Ont-elles une forme ? Une couleur ? Y a-t-il deux sensations distinctes là-bas ? Ou bien des centaines de petites sensations qui vont et viennent ? Ou bien simplement une masse sans forme ? Cette sensation est-elle solide, définie ? Imaginez des sabots d’animaux à la place des pieds, ou une queue de poisson au lieu de deux jambes, ou un tronc d’arbre. N’est-il pas possible de donner n’importe quelle forme aux sensations ?
Soyez attentif à tout votre corps. Sans faire appel à la mémoire, quelle forme a-t-elle cette sensation ? Elle pourrait avoir n’importe quelle forme, n’importe quelle taille ?
Imaginez à présent que vous êtes aussi grand que la planète. Vous tournez autour du soleil. Agrandissez-vous encore davantage. Devenez la galaxie. Imaginez que vos bras sont des spirales faites de plusieurs milliers d’étoiles. Maintenant, rétrécissez jusqu’à la taille d’un atome. Ne pourriez-vous pas être aussi bien un électron en orbite autour d’un neutron. Vos identifications ne sont jamais fixes. Enfants, nous nous identifiions à beaucoup de choses. Nous jouions à êtres des animaux, des trains , des avions, des voitures, des monstres, des soldats, des mamans, des papas, etc. Adultes, nous avons réduit consciemment notre image personnelle à une dimension humaine. Mais nous continuons à nous identifier à différents personnages. Nous jouons un rôle différent suivant les situations qui se présentent. Et nous nous élargissons aussi au-delà de nos identités individuelles. Nous nous mettons à la place des gens en imaginant ce qu’ils ressentent. Peut-être nous identifions-nous à notre ville, notre pays, notre planète même. Dans nos fantaisies et nos rêves, nous faisons semblant d’être toutes sortes de choses étrangères et merveilleuses. Les différentes choses auxquelles nous nous identifions défilent sur la scène immuable de qui nous sommes vraiment. Elles surgissent de ce vide fertile et disparaissent à nouveau. Le vide est sous-jacent à toutes nos différentes identités.
Prêtez attention aux sons. Prenez conscience des sons les plus éloignés. Peut-être le bruit de la circulation, le chant d’un oiseau, un avion. A présent prenez conscience des sons plus proches, le son de ma voix, d’autres sons dans la pièce. Ecoutez à présent quelque chose d’encore plus proche, le bruit de votre respiration. Ecoutez le son le plus proche de vous quel qu’il soit. Parfois en moi j’entends un sifflement très aigu, si proche que je suis le seul à pouvoir l’entendre. Ecoutez votre bavardage mental qui commente ce qui se passe. Ce genre de bruit semble être exactement là où vous êtes. Parfois nous nous sentons dérangés, submergés par eux.
Mais ces sons si proches, résonnent-ils exactement au centre de vous?même ? Qu’entendez-vous au centre ? Y a-t-il ici, au centre, le moindre son ? Au cœur de tous les sons qui apparaissent, il y a le silence de l’Etre. Dans ce silence central les sons se produisent puis disparaissent. Le son de ma voix, de la respiration, la circulation, les gens, le chant des oiseaux, tout cela va et vient dans le silence. Quelle que soit la force d’un son, il ne peut pas perturber ce silence.
Au centre vous êtes une source éternelle de silence, un océan de silence dans lequel les sons arrivent et d’où les sons émergent. A présent ma voix sort du silence. Les sons de la pièce sortent du silence, tombent en lui, passent à travers lui. Ce silence ne peut pas être brisé, il est indivisible, simple. Nous pouvons tous l’entendre parfaitement. Ma voix aura une intonation différente pour chacun de vous, mais le silence est le même pour tous. Quand j’arrête de parler, vous n’entendez pas le silence absolu. Vous pouvez entendre d’autres sons. Le vrai silence n’existe pas dans le monde. Mais retournez votre attention vers vous-même et vous trouverez là le vrai silence, il n’est jamais perturbé. C’est une grande ressource que d’être conscient de ce silence dans notre vie quotidienne. Même au milieu de la place de la Concorde, vous pouvez goûter le silence de l’Etre.
Pensées, sentiments, émotions défilent également dans ce silence. Ils se déplacent à travers la vacuité, à travers vous. Ils émergent de vous, ils se dissolvent à nouveau en vous. Soyez attentifs à ce que vous ressentez et pensez à présent. Rappelez-vous ce que vous pensiez il y a une heure ou lorsque vous vous êtes éveillé ce matin. Evoquez quelques unes des idées qui ont traversé l’esprit pendant que vous écoutiez cette cassette. Vos sentiments, vos pensées changent sans cesse. Même vos convictions les plus profondes évoluent avec le temps. Mais l’espace dans lequel elles s’inscrivent, votre identité sous-jacente, reste immuable.
Pensez maintenant au nom d’une ville. Une pensée jaillit de nulle part puis se dissout. Pensez au nom d’une planète. Un nom surgit du vide fertile, puis il se dissout. Tout comme de votre côté du son il y a le silence, de votre côté du mental, il y a le non mental, l’absence de pensées, de sentiments et d’émotions. Le mental surgit du non mental, de la source libre de toute pensée. Quelle créativité ! Sans fin le mental ruisselle de cette source, de vous. A la racine de votre vie il y a cette vacuité mystérieuse, insondable qui, telle un puits magique, jamais ne tarit. A la surface, certes, nous avons des limites. Mais notre identité sous-jacente à notre humanité, elle, est sans limite. Elle est incroyablement créative, fertile, intelligente. C’est de cette vacuité que surgit à présent la totalité de ce moment présent. Vos pensé, vos sentiments, les sons que vous entendez, les sensations de votre corps, tout cela émerge en cet instant du grand réservoir de votre Etre. Votre identité fondamentale est la paix. Cette paix n’est pas un sentiment ou une pensée éphémère. En réalité, c’est l’absence de pensées et de sentiments. C’est l’absence de toute perturbation, même le sentiment le plus paisible, le plus stable changera avec le temps. Mais la paix de celui que vous êtes vraiment est toujours présente. Elle est exactement là où vous êtes en ce moment, plus près de vous que votre propre respiration, plus près que votre mental. Elle ne dépend d’aucun état mental. Elle ne dépend de rien du tout. Elle est libre. Vous êtes libre.
Imaginez une personne avec laquelle vous avez des problèmes relationnels. Observez les sentiments envers cette personne. Vous êtes l’espace dans lequel ces sentiments apparaissent. A présent, imaginez quelqu’un avec qui vous vous sentez à l’aise. Vous êtes l’espace dans lequel apparaissent maintenant des sentiments différents. Les émotions, les sentiments changent, mais l’espace dans lequel ils vont et viennent n’est pas affecté. Quand vous êtes en colère, triste ou heureux est-ce que ces sentiments vous mettent en colère, vous rendent triste ou heureux au centre de vous-même. Je découvre qu’au centre, je reste identique, immuable. Naturellement, parfois, je me sens plein d’émotions. Peut-être que j’explose de colère, ou j’éclate de bonheur, ou je suis triste à pleurer. Alors l’espace est plein d’émotions. Mais cela n’affecte pas l’espace lui-même. Ma vraie nature reste immaculée, imperturbable. De même qu’il y a un visage là-bas et absence de visage ici, il y a sentiment, émotions là-bas et absence de sentiment, absence d’émotions ici. C’est merveilleux. Au cœur du changement météorologique de mes émotions, dans l’œil du cyclone, il y a la paix, la tranquillité, la liberté, un espace clair. Les sentiments jaillissent de cet espace clair et colorent le monde, mais ils ne colorent pas ma véritable nature. Cela ne signifie pas que je ne sois pas responsable de mes sentiments, j’en suis responsable, autant que de ces mots qui sortent du silence, ou du corps sans tête qui émerge de cet espace. La conscience de qui vous êtes réellement ne signifie pas que vous reniez les sentiments ou leur responsabilité vis-à-vis d’eux. Mais en même temps il est clair qu’il n’y a personne au centre qui les possède. Votre identité ne dépend pas d’eux. Il y a simplement l’espace dans lequel ils peuvent circuler naturellement. Ce qui permet d’espérer que vous risquez moins de rester coincé dans des états d’âme particulier. Etre conscient que vous êtes espace d’accueil pour vos sentiments, pour vos émotions, c’est une méditation permanente pour la vie quotidienne et, croyez-moi, elle est très pratique.
Quel âge avez-vous ? Quel âge avez-vous l’impression d’avoir ? Avez-vous le sentiment d’être jeune ? D’un certain âge ? Vieux ? Ou de ne pas avoir d’âge du tout ? Nos sentiments sur notre âge changent.
Maintenant élargissez votre attention pour inclure votre côté de ces sentiments. Ici il n’y a pas d’âge, pas de sentiments. Au centre vous êtes sans âge. Les gens naissent et meurent votre corps et votre mental sont nés et vont mourir. Mais votre vraie nature n’est jamais née et ne mourra jamais. Elle est ce que vous êtes ici et maintenant, à jamais. Cela prend du temps de lire ou d’écouter ce texte, les mots ont un commencement et une fin. Mais vous ne commencez pas et ne finissez pas. Vous pouvez vous entendre entièrement , écouter la totalité de qui vous êtes réellement. En ce moment même, il y a toujours quelque chose à ajouter à votre troisième personne et au monde car ils sont dans le temps. Mais votre véritable Soi n’est rien d’autre que ce dont vous faites l’expérience en ce moment. Nous nous identifions à tant de chose dans notre vie, sans cesse.
Qui êtes-vous ? Etes-vous mâle ou femelle ? Grand ou petit ? Jeune ou vieux ? Beau ou laid ? Riche ou pauvre ? Nous nous identifions à nos professions, familles, histoires, nationalité, sexe, à nos expériences, à nos succès. Nous considérons que nous sommes cela, c’est logique. Mais ces identités vont et viennent. Nous les enfilons comme des habits et puis nous les retirons. Nous faisons cela continuellement. Qui donc revêt ces différents personnages ? Sous tous ces déguisements, il y a ce que nous sommes vraiment. Sans nom, sans forme, immuable, notre première personne demeure lorsque toutes ces choses spécifiques auxquelles nous nous identifions sont venues et reparties. Vous avez exploré qui vous êtes.
Derrière toutes ces identifications il y a votre véritable nature. Vous êtes libre de toute caractéristique, vide de sentiments et de pensées. Ceci peut sembler une conclusion très négative. Cela pourrait signifier qu’au centre vous êtes détruit, complètement anéanti, qu’ici tout disparaît, qu’il ne reste plus rien de vous-même.
Mais êtes-vous détruit ? Etes-vous anéanti ? Ici au centre il y a l’Etre. Chaque chose dans le monde a sa fonction particulière. Un arbre fonctionne comme un arbre, une planète comme une planète, une personne comme une personne. La fonction de qui vous êtes réellement est l’Etre. Vous êtes. Vous n’êtes pas ceci ou cela, vous êtes. Sans cela vous ne pourriez pas être autre chose. C’est le roc sur lequel le reste de vous est bâti. Bien que vous perceviez n’être rien, bien que vous ne puissiez pas vous saisir, vous identifier à un sentiment, une pensée, à un son, à une image ou quoi que ce soit d’autre, pourtant vous êtes réel. Les choses vont et viennent, mais l’Etre demeure. Complètement dépouillé de ce que nous croyons être, nous découvrons que notre véritable nature au-delà de tous nos rôles, de toutes nos images, de tout changement, est la seule chose dont nous pouvons être sûrs, absolument sûrs. Il y a des moments, peut-être lorsque nous perdons un être cher, ou dans des moments de crise, où nous devenons particulièrement conscients de l’incertitude de la vie et de notre impuissance à modifier le cours de l’existence, nous apercevant que nous ne sommes plus rien, que nous ne sommes rien, que nous ne possédons rien, nous sommes alors forcés de revenir à la sagesse insondable, au conseil et à l’amour de qui nous sommes vraiment. Et nous découvrons que notre vraie nature a une façon mystérieuse de nous donner exactement ce dont nous avons besoin. Ce n’est peut-être pas ce dont nous pensons avoir besoin ou ce que nous disons que nous voulons. Mais si nous donnons une chance à notre vraie nature, nous nous apercevrons que l’on peut lui faire confiance.
La conscience de cette réalité est la source de la plus profonde estime de nous-même car notre vrai Soi est immuablement réel et merveilleux. Ici au centre de votre être il y a ce qui est en toute créature : la conscience, l’Etre, Dieu. Mais il n’y a pas plusieurs Dieu, mais il n’y a pas un Dieu différent pour chacun de nous. Vu de l’extérieur nous sommes multiples, certes, mais de l’intérieur nous sommes un. Pourquoi ? C’est un mystère. Les conséquences de cette découverte sont immenses. Saisir cette vérité, la digérer, ne serait-ce qu’un petit peu, cela signifie avoir un rapport complètement différent avec vous-même et avec les autres. A ce niveau vous êtes la seule, l’unique source. Tout est en vous. Voici l’origine d’un profond émerveillement, d’une joie et d’un amour immense. Et d’où vient l’Etre ou Dieu ? D’où venez-vous ? Nous disons que le monde surgit de l’Etre, de la source, et cela est étonnant, un fait incompréhensible. Comment quelque chose peut-il surgir de rien ? Impossible de le dire ? Mais d’où vient l’Etre ? Si Dieu a créé le monde, qui a créé Dieu ? Il n’y a pas de réponse à cette question, sinon que vous êtes La réponse. Je, nous ne savons absolument rien. Au sens le plus profond des termes.
Inspirez profondément et ouvrez les yeux.
L’objet de votre conscience a encore changé. Vos sentiments, vos pensées, les différentes images de vous-même apparaissent et disparaissent, mais Vous demeurez immuable, clair et libre.